Smoke City Tome 1
Scénario : Benjamin Carré et Mathieu Mariolle
Dessin et couleurs : Benjamin Carré
Editeur : Delcourt – Collection Neopolis
Il y a six ans, leur dernier casse s’est mal fini et les six de la bande de Cole Valentine ont du se séparer. Cole Valentine est en cavale et noie sa vie dans l’alcool, Franklin, son père, est interné en hôpital psychiatrique, Moe se planque chez les flics, Ideaki tient un restaurant et Harper purge sa peine. Quant à Carmen, celle qui les a trahi, elle est toujours dans le coup.
Quand la volcanique rousse reprend contact avec Cole pour lui proposer un coup avec son ancienne équipe, elle est accueillie fraîchement. Pourtant, elle saura trouver les ressources nécessaires pour relancer le groupe car le mystérieux Mr. Law, son commanditaire, tient absolument à ce que la fine équipe se reforme. Que se cache-t-il derrière cette insistance ? Peut-on faire confiance à tout le monde ?
Surfant sur la mode Ocean’s 11 (qui, n’en déplaise à certains, n’était pas aussi fabuleux qu’on a bien voulu le dire), Smoke City joue à fond la carte de la chronique d’un braquage avec tout ce que cela implique de clichés. Narration façon polar par un personnage un peu loser-solitaire-alcoolo, personnages hyper typés (l’expert en sécurité jovial, l’expert en arts martiaux mesuré, le stratège fou à lier, la bombe sexuelle manipulatrice), ville qui sent la violence et le vice…
Si le tout manque un peu d’originalité et que la narration aurait gagné à être moins linéaire et plus détachée de ses références cinématographiques, il n’en reste pas moins que Smoke City contient de belles réussites, à commencer par son graphisme. Benjamin Carré (auteur de "Vampires" aux éditions Carabas et concept designer pour Darkworks sur "Alone In The Dark 4" et "Cold Fear") croque un univers brumeux, poisseux, sombre, impersonnel et un brun rétro-futuriste (en témoignent les écrans de vidéo-surveillance délicieusement désuets), superbement mis en couleurs avec cette touche aquarelle si réussie : on ne peut s’empêcher de penser à l’univers du jeu vidéo Max Payne, le dynamisme en moins sur certaines planches (quand on veut chipoter).
Il ne faudrait pas non plus totalement occulter le travail de Mathieu Mariolle (scénariste de "Pixie", "De Sang Froid", "Foot 2 Rue" et "Hazard") qui met en scène le casse final en restituant bien les tensions et prises de risques de chacun des protagonistes. Il arrive également à créer une certaine attente chez le lecteur, ce premier tome n’étant qu’un apéritif gouteux avant une suite qu’on pressent plus mystique et pleine de rebondissements.
Sentiment mitigé donc à la lecture de ce premier tome. On ne peut qu’admirer le travail au dessin de Benjamin Carré qui donne vie à cette Smoke City dès la première case et reconnaître que le tandem qu’il forme avec Mathieu Cariolle fonctionne plutôt bien. Cependant, à trop vouloir citer ses références, Smoke City y perd en personnalité et du même coup en efficacité. Pour autant, ce premier tome n’est clairement qu’une introduction à une histoire qui s’annonce plus tordue qu’un simple braquage de banque. A suivre donc, en espérant que Smoke City trouve sa voie.
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