Octopus Comics

Le compte-rendu de mes lectures de comics et autres bandes dessinées

18 mai 2006

[FR] Ultimates #2 : "Rien Ne Va Plus"

Ultimates #2 "Rien Ne Va Plus" (FR) - Marvel France (2002)
Ultimates #3 "Bienvenue Au 21ème Siècle (21th Century Boy)" | Scénario : Mark Millar - Dessin : Bryan Hitch
Ultimates #4 "Rien Ne Va Plus (Thunder)" | Scénario : Mark Millar - Dessin : Bryan Hitch

Qui vient-on de retrouver congelé dans la glace de l'océan arctique ? Je vous le donne en mille : Captain America. Steve Rogers (pour l'état civil) a donc passé près de 60 ans dans un glaçon (cf. ici), sans prendre la moindre ride. Une aubaine pour le SHIELD qui venait justement de relancer le programme Super Soldat.
Le réveil de Cap' est mouvementé. Il a du mal à croire qu'il vient de passer 57 ans en animation suspendue et qu'un Noir puisse être haut gradé de l'armée. Mais le plus dur, c'est de digérer ce qu'il a manqué durant toutes ces années, surtout d'un point de vue personnel...

En attendant l'arrivée d'un mystérieux archer (soyons fou, disons le de suite, il s'agit d'Oeil de Faucon), on fait connaissance avec le dieu du tonnerre scandinave en personne, Thor. Evidemment blond et les cheveux longs, celui qui se prétend fils d'Odin (un ex-infirmier trentenaire qui a passé un moment en hopital psychiatrique) est un militant alter-mondialiste et pacifiste qui refuse, logiquement, d'intégrer la super-équipe de Nick Fury (militaire de son état)...

Dans Ultimates, le super-héroïsme n'est pas seulement une histoire de patriotisme, c'est également une histoire de gros sous, de sponsors, d'image, de communication et de politique. Tony Stark a des airs de Richard Bronson, W. Bush est le crétin qu'on connait et le premier réflexe de l'attachée de presse des Ultimates après le cambriolage de l'appartement de Cap' est de demander s'il s'agit d'un coup des Arabes ou des Chinois... Fini l'idéalisme désuet des Vengeurs, place au cynisme et au réalisme. L'équipe est d'ailleurs controversée : coûteuse, montée pour des raisons discutables (la possiblité d'une guerre génétique - cf. Ultimate X-Men ? du marketing pour servir les intérêts de Stark Entreprises ?), elle est même mal vue par l'armée régulière.

On peut faire une série de super-héros tout en ayant une vraie psychologie des personnages et de vraies scènes d'émotions. Les retrouvailles de Bucky et Cap' sont vraiment touchantes et bien écrites. Betty Ross est délicieuse de superficialité, d'arrogance et d'arrivisme. Quant à Bruce Banner, il s'enfonce de plus en plus dans son complexe d'infériorité et sa frustration avec des conséquences désastreuses.

Mark Millar est malin et a de bonnes idées pour donner du réalisme à sa série. Un exemple avec Giant Man qui doit porter des lunettes spéciales pour protéger ses pupilles agrandies des rayons du soleil ou qui doit faire attention à ce qu'il mange quand il est grand sous peine d'exploser en retrouvant sa taille normale. Les super-pouvoirs posent des problèmes concrets que les geeks de tout bord n'avaient pas manqué de relever jusqu'ici, Millar a du en faire partie et on apprécie le pied de nez. D'ailleurs, les clins d'oeil aux fanatiques qui se prennent la tête sur des futilités de la plus haute importance (ahum) sont multiples, la meilleure restant la très amusante discussion sur quel acteur jouerait le rôle de qui si un film Ultimates devait être tourné.

Le duo Hitch/Millar fait des merveilles et arrive à installer en à peine 4 épisodes un univers riche, complexe et sombre sans pour autant être dénué d'humour. Une véritable réussite !

Tiens, si on fait attention, on s'aperçoit que l'arrivée de la Vision est annoncé dès Ultimates #4, Tony Stark parlant d'une intelligence artificielle aux capacités extaordinaires sur laquelle travaille Hank Pym.

16 mai 2006

[FR] Ultimate X-Men #32

Ultimate X-Men #32 (FR) - Marvel France (2006)
UXM #60 : "Rattrapés Par Le Passé Chap.2 (Shock And Awe, part.2)" - Scénario : Brian K. Vaughan | Dessin : Stuart Immonem
UXM #61 : "Nord Magnétique Chap.1 (Magnetic North, part.1)" - Scénario : Brian K. Vaughan | Dessin : Stuart Immonem

UXM #60 : Fin du très court arc "Shock And Awe" qui mettait en scène Wolverine et Tornade face à leurs passés respectifs. A la fin de l'épisode précédent, ils se retrouvaient face à Yuriko Oyama, dite Yuri, une amie d'enfance d'Ororo qui avait été laissée pour morte par cette dernière après un terrible accident de voiture.
On apprend que la mutation de Yuri en Deathstrike (une arme vivante dôtée de de griffes d'adamantium et d'un pouvoir auto-guérisseur) est en fait due au Dr. Cornelius, responsable du projet Arme-X dont est issu Wolverine. Il a manipulé la jeune femme pour qu'elle leur livre Logan en jouant sur son désir de vengeance contre Ororo...
J'ai définitivement du mal avec le rythme appliqué à UXM. C'est trop rapide et les intrigues sont trop simples. Au moins le dessin de Stuart Immonem tient-il la route et s'inscrit-il bien dans la lignée de ce qu'ont pu faire Adam Kubert ou David Finch sans pour autant faire des étincelles.
Ceci dit, cet épisode apporte son lot de révélations sur Logan et a le mérite de susciter l'intérêt du lecteur un tant soit peu amateur du mutant griffu version Ultimate. C'est maigre, certes mais c'est mieux que rien. Oui j'en suis un peu rendu là avec UXM : c'est loin d'être désagréable à lire mais je ne suis pas à guetter impatiamment la sortie du titre tous les deux mois. Je lis ça comme je regarde une série TF1 le samedi après midi (j'exagère peut être un peu).

UXM #61 : ça sera le dernier arc avec Brian K. Vaughan au scénario, il laissera la place à Robert Kirkman (et Stuart Immonem s'effacera pour laisser les crayons à Tom Raney) au numéro 65.
On va se promener à Chicago pour visiter l'école d'Emma Frost qui accueille aujourd'hui Roberto Dacosta (Solar dans les New Mutants de la continuité classique) avec l'aide du couple Alex "Havok" Summers et Lorna "Polaris" Dane. Ces derniers sont rapidement envoyés sur les lieux d'un incendie pour aider les pompiers locaux mais Lorna perd le contrôle de ses pouvoirs magnétiques...
On se fait un peu peur en lisant le début de l'épisode. Les conversations au sein de l'école Xavier ne volent pas haut (les blagues ratées sur les stripteaseuses de Logan, les plaintes d'Ororo en salle des dangers à base de "On va se planter et il ne fera qu'une bouchée de l'Humanité" et autres crises de jalousies de Kitty "la Plaie" Pride) mais la suite donne plus de satisfaction.
Les couples sont en crise : Bobby "Iceberg" Drake a toujours des sentiments pour Malicia et Kitty la chieuse l'encaisse mal, Jean Grey découvre que Scott (Cyclope) a connu une autre fille avant elle... Amour, complexes et pouvoirs, si c'est bien exploité, ça pourrait donner lieu à des choses sympas dans le feu de l'action. On apprécie également de croiser chez Emma quelques noms connus comme Jean-Paul Baubier (Vega de Alpha Flight dans la continuité classique) ou Doug Ramsey.
Mais c'est surtout les conséquences de la perte de contrôle des pouvoirs de Polaris qui est intéressante puisqu'elle devrait remettre en piste le grand maître du magnétisme lui-même. Vivement la suite pour le coup !

14 mai 2006

[FR] Transformers #5

Transformers #5 (Armada) - Semic Comics (2003)
Transformers Armada #3-4 | Scénario : Chris Sarracini - Dessin : James Rais

On avait laissé les Autobots sur Cybertron après que les Minicans se soient enfuis et aient laissé les Decepticans sans source d'énergie. Leur vaisseau était victime d'une avarie et laissait le lecteur dans l'attente de la suite de leurs péripéties.
Et bien non, Chris Sarracini ne développe pas cet aspect de l'histoire et opte pour un résumé des conséquences dramatiques de l'attaque de Megatron et de l'explosion du moteur du vaisseau des Minicans. Ces derniers, incapables de piloter, finissent par s'écraser sur Terre et rester inactifs au fond d'une grotte jusqu'à ce que des enfants (un peu losers et fatiguants) les découvrent. En faisant celà, ils activent une balise qui transmet un message à Cybertron, révélant à la planète toujours en guerre la position des Minicans (tant enviés par les Decepticans). Commence alors sur Terre une course contre la montre entre Autobots et Decepticans pour récupérer les Minicans...

On était prévenu dans le numéro 3, les différentes séries Transformers répondent à des continuités différentes. Du coup, avec cette épisode #3 de la série Armada, on reprend tout à zéro. Le ton est définitivement différent de "Transformers G1" et c'est bien dommage. En axant l'histoire autour d'enfants et des turbulents Minicans, on y perd en profondeur : Megatron est une brute sans cervelle bien loin du manipulateur qu'il était dans la version G1, on croule sous les bavardages sans intérêts des trois marmots et les transformations des Minicans en skateboard ou en trotinette font de la peine. D'un point de vue graphique aussi, c'est moins réussi. Les personnages humains sont particulièrement ratés et les robots plus ternes et moins charismatiques.

Ce sera le dernier numéro des Transformers publié en France, la série n'ayant visiblement pas rencontré son public. On ne peut pas lui en vouloir (au public), Transformers Armada pêchant par sa médiocrité alors que G1 avait présenté de bonnes choses. Tant pis, Hasbro ne pourra pas compter sur la version papier pour vendre ses jouets.

13 mai 2006

[FR] Transformers #4

Transformers #4 (Armada) - Semic Comics (2003)
Transformers Armada #1-2 | Scénario : Chris Sarracini - Dessin : James Rais - Edwin Garcia

Exit la Terre, welcome to Cyber City capitale de Cybertron, la planète des Transformers. Avec ces premiers épisodes de "Transformers Armada", on revient sur les origines de l'inimitié entre Optimus Prime (leader des Autobots) et Megatron (le chef des Decepticans).

Depuis quelques temps, les Decepticans sèment la terreur en rasant les villages des Minicans et en en capturant les habitants. Au terme d'expérience particulièrement barbares, les Decepticans ont mis une point une technique pour incorporer les Minicans à leur structure ce qui leur permet d'avoir à disposition une puissance colossale. De quoi déclencher une guerre et réveiller des désirs de conquête galactique...

Malgré un contexte plus lourd (une guerre avec un quasi-génocide, rien que ça), le ton de "Transformers Armada" est plus léger que celui de "Transformers G1" (voir et ). Les Minicans résistants sont des pitres chez qui l'humour dispute à l'héroïsme, quitte à parfois désamorcer des situations qui auraient gagné à être plus dramatiques.
Il ne se passe pas grand chose dans ces deux premiers épisodes, ils ne servent qu'à mettre en place le décor et les rapports de force. Les minicans (des Transformers plus petits que les Autobots et les Decepticans) tiennent le premier rôle pendant que l'affrontement frontal entre Optimus Prime et Megatron se prépare. A suivre donc, mais ce premier volet de la série "Armada" s'avère sympathique à lire, bien porté par le dessin de James Rais et Edwin Garcia qui s'inscrit dans la lignée de celui de Pat Lee (un bon point à mes yeux).

[FR] Transformers #3

Transformers #3 (Génération 1) - Semic Comics (2003)
Transformers G1 #5-6 | Scénario : Chris Sarracini - Dessin : Pat Lee

On avait laissé les Autobots en pleine bataille avec les Decepticons à San Francisco (Transformers #2). Superion le fleuron de l'armée d'Optimus Prime venait d'être mis à terre par les armées ennemis, rendant l'issu du combat a priori sans équivoque. Pendant ce temps, au Canada, quelques Autobots luttent jusqu'au bout de leurs forces pour éradiquer le techno-virus créé par Superion et doivent se heurter à l'armée humaine qui les considère comme une menace depuis l'attaque de la station de forage...

En parallèle, on en apprend plus sur les expériences faites sur les Decepticons après leur défaite en 1998 et le fiasco que cela a engendré (les humains pensaient avoir réussi à prendre le contrôle, ce qui se retourna vite contre eux avec le résultat qu'on sait). Le général à qui incombe la responsabilité de cet échec semble prêt à tout pour maquiller sa faute, quitte à ce que la population en paie le prix...

Avec ce numéro 3 de l'édition française se conclut la mini-série "Transformers G1" avant que la série "Transformers Armada" prenne le relais dès le numéro suivant. Dommage, la trâme mise en place par Chris Sarracini aurait mérité un plus long développement mais au moins boucle-t-il son histoire de façon satisfaisante, en évitant les écueils de la facilité.
Alors certes, Optimus Prime est un peu fatiguant avec ses monologues mormons sur l'honneur du soldat et la fierté d'être un Autobot mais Sarracini arrive à lui donner de la majestée et de l'humanité. Les Autobots ont beau avoir des directives inhérentes à leur programmation, ils n'en demeurent pas moins sensibles et capables d'une abnégation et un sens du sacrifice remarquables au profit d'une population qui ne le mérite pas forcément. Ce "Transformers G1" est finalement une bonne surprise, avec des personnages attachants, de l'action, de l'émotion et suffisamment de suspense pour maintenir le lecteur en éveil.

[FR] Transformers #2

Transformers #2 (Génération 1) - Semic Comics (2003)
Transformers G1 #3-4 | Scénario : Chris Sarracini - Dessin : Pat Lee

Pour les 20 ans de la série, Hasbro a mis le paquet en resortant de ses placards les robots de notre enfance (même si j'ai toujours préféré les Gobots aux Transformers). Après un comics et un dessin animé dans les 80's (dont les histoires étaient différentes), c'est le grand retour sur papier glacé de ces héros extraterrestres arrivés sur Terre il y a 4 millions d'années et capables de prendre la forme de véhicules humains.
Publiée en parallèle à d'autres séries reprenant des dessins animés des années 80 (les catastrophiques Cosmocats - cf. ici et ici - et la Force G), on était en droit de craindre pour la qualité du comics.

Optimus Prime (le semi-remorque rouge et bleu), légendaire leader des Autobots, a été réactivé après que quelqu'un ait pris le contrôle de Megatron, son ennemi de toujours. N'ayant pas lu le premier numéro, je ne peux que supposer que des Transformers (aussi bien les "bons" Autobots que les "mauvais" Decepticons) ont attaqué un forage pétrolifère et causé la mort de dizaines d'êtres humains. Difficile dans ces conditions pour les Autobots de garder la sympathie de leurs hôtes terrestres, d'autant que les gigantesques machines ont toujours eu l'air plus intéressés par leur guerre contre les Decepticons que par leur bien-être.

L'affrontement donne lieu à son lot de lieux communs (les Autobots combattent pour la justice et les Decepticons parce qu'ils se considèrent au sommet de la chaîne alimentaire) mais aussi de passages plutôt réussis comme la première rencontre entre Prime et Megatron qui fait vasciller les convictions très manichéenes de l'Autobot.

Chris Sarracini a donné un ton plus adulte à sa série que Gilmore avec les Cosmocats. Il installe une intrigue de longue haleine (ici un techno-virus créé par Megatron en syphonnant l'énergie d'humains et d'Autobots) et un rythme soutenu, ponctué par les affrontements des robots, qui pour une fois dans ce genre d'histoire, ne seront pas sans influence sur l'opinion du public. Action, suspense et émotion (toutes proportions gardées), on retrouve bien les composantes de base d'une histoire qui tient la route et au final, la sauce prend.

C'est pour le dessin très typé manga et au rendu dessin-animé de Pat Lee que Dreamwave Productions ont opté pour relancer les méchas géants. Et il faut bien le reconnaître, dans le genre, Transformers en jette. C'est coloré, précis, les robots sont imposants et charismatiques et on s'amuse à essayer de reconnaitre ceux qu'on a pu avoir étant enfants.

Sans être transcendant, ce #2 des Transformers (Génération 1) s'avère agréable à découvrir et on se laisse vite prendre dans les problèmes de Prime et sa clique. Reste à voir si la suite sera du même tonneau.

[FR] Cosmocats #2

Cosmocats#1 - Semic Comics (2003)
Thundercats #2 | Scénario : Ford Lytle Gilmore - Dessin : Ed McGuinness
Thundercats #3 | Scénario : Ford Lytle Gilmore - Dessin : Francisco Herrera

#2 : Mumm-Ra est donc de retour et évidemment, il a juré de se venger des Cosmocats, toujours avec l'aide de ses serviteurs mutants incompétents (Krolor, Gorlor, Shakal et Vultureman).
Hachiman, un samouraï qui avait permis à Félibelle et Starlion d'échapper aux griffes du sorcier-momie, vient chercher de l'aide auprès de Starlion pour guérir son père grâce aux eaux thaumaturges de Thundera. Les mutants essaient bien évidemment de s'opposer et gouteront une fois de plus à la défaite. ZzzZZzzZzz...

#3 : Ce n'est plus McGuinness et son style cartoon aux pinceaux mais Francisco Herrera (qu'on a pu voir à l'oeuvre sur Spiderman notamment). Le dessin est plus caricatural et les vilains Lunatacs ont l'air d'être tout droit sortis de Space Jam. Certes, on y gagne en caractère mais on y perd un peu en lisibilité, déjà que l'histoire n'est pas passionnante.
Mandora, chasseuse de criminels pour le compte des Forces de Police Intergalactiques (quelle originalité), est prise en chasse par les pas gentils Lunatacs, bien décidés à se venger d'elle et des félins cosmiques (décidemment, c'est une manie). Ils auront l'outrecuidance de déranger les Cosmocats alors qu'ils sont à la recherche de Thundranium, un minerais essentiel pour la reconstruction de leur civilisation. Sans surprise, ils se prendront une fessée déculotée en deux temps trois mouvements.

Passé le plaisir de retrouver ces visages connus, c'est le vide intersidéral. Les scénarios de la série sont d'une vacuité désespérante, aucun suspense, aucune profondeur. Avec un univers relativement riche, Gilmore aurait pu donner une autre dimension à la série mais il a choisi (ou on lui a demandé) de rester coller à l'esprit manichéen et terre à terre du dessin-animé de notre enfance. Le public ne s'y trompera pas non plus et la parution s'arrêtera au numéro #3 (le #2 aura eu raison de ma bonne volonté).

12 mai 2006

[FR] Cosmocats #1

Cosmocats #1 - Semic Comics (2003)
Thundercats #0 "Les Contes Du Chat Stressé" | Scénario : Ford Lytle Gilmore - Dessin : J. Scott Campbell
Thundercats #1 "La Reconquête De Thundera" | Scénario : Ford Lytle Gilmore - Dessin : Ed McGuinness

Souvenez-vous de vos années 80, de vos après midis devant la télé, le Club Dorothée avec ses jeux débiles et ses dessins animés. Parmi les nombreuses séries qui nous ont abruti à longueur d'après-midi, les Cosmocats avaient eu leur petit succès. En 2003, Semic décide de tenter le coup de la nostalgie en traduisant les premiers épisodes du comics édité par Wildstorm aux Etats-Unis. La sauce prend-elle ?

Dans le #1, on retrouve nos félins intergalactiques occupés à redonner sa gloire à Thundera (leur planète d'origine) après que Starlion ait vaincu Mumm-Ra (le grand méchant de notre enfance) et Pyron. Les forces du mal ne veulent pas en rester là et résucitent Shadowmaster avant de plonger Thundera dans l'obscurité d'une éclipse totale. Les senseurs des Cosmocats inopérants à cause du phénomène, il en profite pour lever une armée de démons faits d'ombre.

On retrouve bien l'équipe originelle autour de Starlion (qui crie toujours "Cosmo... Cosmo... Cosmocats !!!" en brandissant son épée) : Félibelle sa vitesse et son baton à la Sangoku, le costaud Pantero expert en technologie armé de ses nuntchakus, Tigro le réfléchi au lasso, les jumeaux Wylikit et Wylikat juchés sur leurs hoverboards et l'animal de compagnie Snarf. De nouveaux personnages les ont rejoint : Pumyra la guérisseuse, Bengali le forgeron et Lynx-O le vieux sage qui possède un bouclier de lumière.

Niveau histoire, on reste au niveau des paquerettes. Le grand méchant débarque, monte son armée, pose un problème (en l'occurence "comment vaincre des ennemis faits d'ombre ?") auquel les gentils répondent en travaillant en équipe, infligeant au méchant une déconvenue dont il jure de se venger. Expéditif, sans substance, il ne nous reste que le dessin de Ed McGuinness pour se divertir. Le style du dessinateur de Superman colle bien à l'esprit du dessin animé avec ses couleurs vives et son trait net... et enfantin.

Changement de dessinateur pour le #0, "Les Contes Du Chat Stressé", qui illustre quelques faits d'arme de chacun des Cosmocats par le passé. Le dessinateur de Danger Girl (J. Scott Campbell ) s'en sort bien sur ce qui n'est qu'un épisode de remplissage qui donne néanmoins l'occasion de recroiser les sous-fifres de Mumm-Ra. Mais cette fois aussi, le propos est niais, le discours d'un convenu abrutissant ("notre pouvoir ne vient pas de nos armes mais de nos coeur", "notre force c'est de savoir travailler en équipe").

Concrètement, ce premier numéro de Cosmocats n'a d'intérêt que pour la qualité de ses dessins (encore que ceux de McGuiness manquent de caractère) et les dossiers concernant le titre : présentation des personnages, retour sur le dessin-animé et sur les épisodes précédant cette résurrection ou encore sur le créateur de la série, Ted Wolf. Un bel effort de ce coté de la part de Semic même si le produit ne méritait peut être pas autant d'efforts.

[FR] Ultimates #1 : "Super Soldat"

Ultimates #1 "Super Soldat" (FR) - Marvel France (2002)
Ultimates #1 "Super Human" | Scénario : Mark Millar - Dessin : Bryan Hitch (2002)
Ultimates #2 "Big" | Scénario : Mark Millar - Dessin : Bryan Hitch (2002)

Le numéro n'est pas récent mais j'avais envie de revenir sur cette série alors, pourquoi se priver ?

L'univers Ultimate, c'était la solution choisie par Marvel pour réussir à attirer un public dont la curiosité a été aiguisée par les différentes adaptations cinématographiques de ses séries, mais qui était refroidi par les 40 années d'histoires qu'il n'avait pas suivi. Ainsi, à l'initiative de Joe Quesada, la Maison aux Idées fit renaître certaines de ses séries dans les années 2000.
Ici, il est question des Vengeurs, cette équipe de super héros plus ou moins gouvernementale dont Iron Man, Thor, Oeil de Faucon, Captain America bien sur et beaucoup d'autres ont fait partie. On reprend les mêmes personnages (pas tous, pas tout de suite) et on recommence : on leur recrée un background, une personnalité, des liens et on propose ça au public.
Le point de vue est intéressant aussi bien pour le novice qui découvre ainsi un nouvel univers vierge qu'il peut suivre sans complexe, que pour le chevronné qui sera content de redécouvrir ses héros sous un autre angle. Pour les auteurs aussi, le concept offre un terrain de jeu totalement neuf sur lequel ils peuvent manipuler des personnages au capital sympathie déjà bien établi sans se soucier d'une quelconque cohérence qui les empêcherait d'en faire ce qu'ils en veulent.

C'est la théorie... Quid de la pratique ?

"Super Human" (US#1) nous plonge en plein coeur de la seconde guerre mondiale pour suivre une mission de Steve "Captain America" Rogers et de son ami journaliste Bucky Barnes. C'est la fin de la guerre et les Allemands tentent de jouer leur va-tout en envoyant un missile dévastateur sur la Maison Blanche. Cap' est chargé d'enrayer le processus et Bucky de couvrir l'enquête pour en faire le récit dans les journaux.
Au sein des troupes, le statut du super soldat est controversé et certains ne voient en lui qu'une marionnette dont le but est d'attirer la sympathie des jeunes pour l'armée US. Une fois sur le terrain, celui qui n'était qu'un chétif adolescent fait de sérieux dégâts dans les rangs nazis quitte à prendre quelques libertés par rapport aux ordres au nom du patriotisme.
On le sait, Captain America est un modèle d'abnégation (sortez les drapeaux et chantez le "Star-Spangled Banner"), il n'hésite donc pas à sacrifier sa vie pour empêcher une bombe H nazie d'aller s'écraser sur Washington. 1945, Captain America laisse l'Amérique orpheline mais saine (sic) et sauve.

Retour au présent (enfin à 2002) avec "Big" (US#2). Depuis la disparition de Cap', le SHIELD (une agence gouvernementale chargée de la sécurité mondiale) travaille à recréer un sérum afin de se doter d'une armée de super soldats. Le Dr. Bruce Banner avait expérimenté sur lui une de ces formules et avait engendré un titan gris totalement incontrôlable (Hulk) qui n'a pu être arrêté que grâce à l'intervention de Spiderman après avoir causé des dégâts considérables.
Nick Fury, responsable du SHIELD, informe Banner (mis à l'écart jusqu'ici) que W. Bush a décidé de réinjecter des fonds dans le projet afin de financer une équipe de super-humains et attend qu'il soit numéro 2 de l'opération.
L'équipe sera composée de :
- Tony Stark, milliardaire excentrique qui a mis au point une armure ultra perfectionnée (Iron Man).
- Le couple Pym : Hank, généticien de génie inventeur d'un casque pour communiquer avec les fourmis et d'une formule lui permettant d'atteindre 18 mètres de haut (Giant Man) et sa femme, Janet (La Guêpe) qui peut réduire sa taille et voler pour lancer des charges électriques avec ses mains.
- Thor, un militant alter-mondialiste mystérieux (qu'on ne croisera pas dans ce numéro).
- Et... Captain America.

Avec ces deux premiers numéros, Ultimates impose immédiatement un univers froid et réaliste où le politique est intimement lié au super-héroïsme. En très peu de pages, on fait connaissance avec les principaux personnages et leurs traits de caractère : les complexes de Banner, l'excentricité de Stark qui cherche un peu de sens à sa vie de golden boy ou encore la dévotion de Fury. Un cocktail détonant qui promet de belles choses d'un point de vue scénaristique, d'autant que le couple Pym n'a pas encore livré tous ses secrets et Thor reste encore à découvrir. Mark Millar sait titiller la curiosité de ses lecteurs.
L'immersion est particulièrement rapide grâce au travail minitieux de Bryan Hitch (tellement minutieux qu'il sera incapable de tenir ses délais, laissant ses lecteurs dans l'attente de longues semaines) et chaque planche est un vrai chef d'oeuvre, sans nul doute les meilleures productions de la ligne Ultimate.

09 mai 2006

[FR] Nyx, vol.2

Nyx #2 - Marvel France (Marvel Graphic Novels) (2006)
Scénario : Joe Quesada | Dessin : Robert Teranishi

On avait quitté Nyx à la fin du premier tome après que Kidden et Melle Palmer aient sauvé la peau d’une mystérieuse prostituée mutante aux allures de Wolverine. On se doutait que la soustraire à son mac pourrait causer quelques problèmes et le fait est que Daddy, le mac en question, est pour le moins possessif et violent.
Il traque les jeunes femmes sans succès et finit par lancer sur leur piste un jeune mutant nommé Bobby Soul qui a le pouvoir de se désincarner pour aller occuper un autre corps et en prendre le contrôle. Quand Daddy lui propose l’argent pour envoyer son petit frère handicapé dans une clinique, Bobby ne peut refuser malgré les risques pour sa santé et la moralité un peu limite de ce genre de pratique.

Rapidement, nos trois fugitives, guidées par les visions de Kidden, croiseront le chemin de Tatiana dont les pouvoirs viennent de se manifester : quand elle entre en contact avec le sang d’un animal, elle peut se transformer en une créature hybride. Elles survivent toutes les quatre tant bien que mal dans la rue, en permanence au bord de la rupture.
Bobby finira par les retrouver, guidé lui aussi par les apparitions du père de Kidden et devra choisir son camp lors de l’affrontement final entre la moralité et la fidélité à son "bienfaiteur".

Le premier volume n’était guère convainquant et on espérait que la suite permettrait de relever le niveau maintenant que les bases étaient posées. Malheureusement, c’est le remplissage qui domine : le méchant mac veut retrouver sa pute, le gentil Bobby se bat avec ses scrupules, les trois (puis quatre) jeunes femmes survivent et se disputent. On en rajoute dans les adolescents à problème qui gèrent mal la découverte de leurs pouvoirs et on n’en apprend guère plus sur la Wolverine au féminin (X-23 de son petit nom apprend-on dans d’autres séries). Cette simple histoire de traque sans suspense laissera le lecteur impassible, tout juste s’interroge-t-on sur le but poursuivi par Quesada.

Le changement de dessinateur ne réussit pas à la série, Robert Teranishi n’ayant malheureusement pas le talent de Joshua Middleton (dont le style pouvait d’ailleurs donner lieu à polémique). Le tout est fouillis, on peine à reconnaître les personnages (en particulier Melle Palmer) et ça devient réellement pénible lors des scènes d’action. Beaucoup de remplissage donc et un certain nombre de lieux communs (la révélation de l’identité de l’assassin du père de Kidden est d’une banalité affligeante) qui font de Nyx une série mineure qui ne mérite pas d’y investir les 30€ nécessaires pour les deux tomes.

08 mai 2006

[FR] Zone d'Ombre vol.1

Zone d'Ombre vol.1 - Delcourt (2005)
Scénario : Glen Brunswick | Dessin : John Romita Jr - Klaus Janson
The Gray Area #1-2-3 (2004)

Rudy Chance est ce qu’on appelle un flic ripoux. Avec ses cheveux longs et son costard impeccable, il fait penser à un mélange de Vincent Vega (Pulp Fiction) et Jacky Estacado (Darkness). Plutôt classe donc mais brutal et vicieux. Quand il ne trompe pas sa femme, il trempe dans des histoires de stupéfiants avec les caïds de Hell’s Kitchen qu’il prend plaisir à racketter. A première vue, Rudy Chance n’est donc pas un mec bien. Pourtant, ses moments de bonheur, il les vit à la plage avec sa femme et son fils, il n’hésite pas à prendre une balle à la place de son coéquipier ou à promettre à une de ses maîtresses prostituées de la sortir du trottoir en lui payant un appart.

A avoir les yeux plus gros que le ventre, on finit par s’attirer des ennuis. Un chef de la pègre nommé Karl ne digère pas que Chance, petit flic des stups, essaie de la lui faire à l’envers. Il mettra les points sur les i en assassinant la femme et le fils de celui-ci devant ses yeux. Chance n’aura dès lors pour objectif que la mort du bourreau de sa famille et entraînera dans sa chute son coéquipier Pat Goodman. Les deux flics finiront criblés de balles par les hommes de main de Karl, Chance à la morgue et Goodman dans le coma sur un lit d’hôpital.

Pourtant, ce n’en est pas fini de Rudy. Sa moralité incertaine l’envoie dans la Pénombre, une zone entre le Ciel et l’Enfer où les âmes errent avec la possibilité pour certaines d’intégrer la Garde Grise afin de se racheter. Si en revanche elles échouent, elles sont envoyées dans le Nuage Sombre où elles devront subir une douleur éternelle : comme dans les films de Romero, quand celui-ci est trop plein, le mal remonte à la surface.

Briefé par le mystérieux Jordan, Chance n’a guère d’autre choix que d’intégrer la Garde Grise, motivé en plus par la perspective d’avoir la possibilité de revoir un jour son fils. Le but de la Garde étant d’aider son prochain et Rudy n’ayant jamais marché que pour sa gueule, l’incorporation sera difficile. C’est une véritable remise en question par laquelle devra passer notre anti-héro pour atteindre la compassion nécessaire à l’obtention de ses pouvoirs de Garde.

Après quelques temps dans la Pénombre, Chance sera temporairement envoyé en mission sur Terre pour enrayer les desseins d’un échappé du Nuage. Le seul moyen pour les Gardes d’interagir vraiment sur le cours des choses est de prendre possession du corps de quelqu’un qui les estime, mission quasi-impossible pour Rudy qui se rend alors compte de ses erreurs passées.
Le seul à pouvoir l’accueillir est Pat mais il doit veiller à ne pas causer de dégâts à son corps en utilisant ses pouvoirs (chaque utilisation fait vieillir l’hôte). Equilibre difficile mais indispensable à respecter.

Mélange entre le Punisher (l’assassinat de la famille), Spawn (le pacte post-mortem et les pouvoirs qu’il engendre) et Spiderman (pour la gouaille du héro) saupoudré d’un zest de Darkness pour l’ambiance, Zone d’Ombre s’avère relativemet efficace. Rudy Chance, sûr de lui et arrogant vacille à mesure qu’il s’enfonce dans son existence de non-vivant. Heureusement, Glenn Brunswick ne fait pas de son macho de service une lavette transparente à la première difficulté venue. Il reste cynique, grande gueule et têtu, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Peter Parker sur lequel a brillamment travaillé John Romita Jr. (en forme comme à son habitude).

Mélanger ésotérisme et polar n’est pas une idée nouvelle, et la faute à un Glenn Brunswick peu inspiré, "Zone d’Ombre" ne restera qu’une série sympathique plutôt qu’un must have. Alors certes, l’aspect polar est bien tenu, l’ambiance bien installée (à défaut d’être originale) et le personnage de Rudy Chance attachant mais le scénariste a un sacré problème de rythme : la rédemption de Chance est trop rapide, trop tranchée, trop facile et l’arrivée dans la Pénombre un rien rébarbative.
Brunswick est trop proche de ses références (Punisher et Spawn en tête) pour être totalement prenant. La Pénombre et son organisation peuvent certes donner de bonnes choses dans l’avenir mais on a l’impression qu’on a fait le tour des capacités des Gardes et qu’en rajouter reviendrait à verser dans la surenchère (McFarlane avait été nettement plus subtile sur le même thème dans Spawn). On passe donc un bon moment de lecture mais peu de chance que "Zone d’Ombre" ne rentre au panthéon des comics.